Portrait du directeur de l’observatoire d’astrophysique du Cézallier Cantal
Publié par astu 'sciences, le 4 juillet 2014 2.4k
Philippe Morvan, comment êtes-vous arrivé à la tête de cet observatoire ?
Depuis mon installation en Auvergne et plus précisément dans le Nord-Cantal, en grande partie dictée par son attrait pour la pratique de l'Astronomie, diverses rencontres m'ont amené à la création d'une structure dans le but d'officialiser travaux et projets communs en astrophysique : fournitures de données auprès du Laboratoire de Recherche sur la Foudre concernant l'activité solaire ou encore l'élaboration de projets en radioastronomie supervisés par le Pr Raymond Blundell, directeur du SubMilimeter Array (SMA). Ces derniers m'ont permis, lors d'un déplacement au CfA de Boston, d'une part de découvrir les laboratoires du SMA, mais aussi d'être présenté par Raymond Blundell à plusieurs autres grands spécialistes dans ce domaine tels Thomas Dames, élaborateur d'une cartographie de la Voie Lactée dans le monoxyde de carbone et le Pr Alan Rogers au MIT de Haystack pour une démonstration du SRT. L'Observatoire d'Astrophysique Cézallier Cantal (O.A.C.C.) a été officiellement créé fin 2011 avec, dès le départ, une ouverture vers les passionnés en Astronomie avec une catégorie de "Membres Observateurs". J'ai personnellement souhaité, depuis, développer une ouverture vers la diffusion d'informations et travailler à l'élaboration de produits pédagogiques destinés principalement à la promotion de la culture scientifique sur notre territoire. Pour exemple, A.A.R.O. (Astronomy & Aeronomy Radio Observatory), projet de l'O.A.C.C. destiné à mettre en place plusieurs programmes en radioastronomie (cartographie de l'hydrogène galactique, mesure de l'ozone atmosphérique, activité solaire), sera le support de plusieurs outils de vulgarisation (radiotélescopes, point information public,...).
SMA Boston - Raymond BLUNDELL & Philippe MORVAN
Vous venez d’organiser la fête du ciel et de la terre, comment vous est venu cette idée de créer un événement festif grand public?
Je suis un fervent amateur de rassemblements liés à l'Astronomie et l'Astrophysique (RAP, RAAGSO, WETAL, RCE et autres NEA) C'est à la dernière grande manifestation organisée par le CARA à Vulcania en 2009 que certains membres, n'ayant de représentant dans le Cantal, m'ont invité à réfléchir à la création d'une association. Bien avant mon arrivée en Auvergne, dans les années 90, j'avais présidé une association créé avec plusieurs astronomes et passionnés. Nous y organisions des séances publiques d'observations, interventions en milieu scolaire,... Il était alors difficilement concevable que la création de l'OACC, spécialement avec sa section de membres observateurs et son département de vulgarisation, n'aboutisse pas à l'organisation d'une manifestation telle que la Fête du Ciel et de la Terre.
L’observatoire fait partie du Collectif d’Astronomes de la Région Auvergne (CARA), que pense le collectif de cet événement ?
Le CARA a participé à cet évènement. Les échos des participants qui nous ont été témoignés semblent démontrer une certaine satisfaction et plusieurs points positifs dans le déroulement de cette édition de la Fête du Ciel et de la Terre (accueil, environnement, activités,...). Beaucoup ont envisagé, et certains déjà acté, que ce rendez-vous en Nord-Cantal soit enregistré comme événement régulier. Nous tiendrons compte de toutes les remarques pour faire évoluer et améliorer la manifestation.
Comment avez vous réussi à la fois à fédérer toutes ses structures autour de l’événement et à la fois à faire venir du grand public?
Pour cette seconde édition sur la commune de Saint-Saturnin, j'ai tenu à mieux associer le CARA à cette manifestation. J'ai proposé que ce soit un des membres du CARA qui anime une des conférences, et cette année, c'était notre ami Gérard Coute qui nous a présenté un de ses domaines de prédilection : La Lune et l'origine de ses paysages. De plus, j'ai proposé que l'animation de certains "ateliers" soit officiellement assurée également par quelques associations membres du CARA. En amenant des participants membres de structures issues des quatre coins de l'Auvergne, nous avons démontré aux élus et autres officiels présents, ainsi qu'au public, que les domaines de l'Astronomie dépassaient souvent les limites d'un impact local.
Quelles activités ont pu faire le public qui est venu sur place ?
Cette année, toutes les activités étaient tournées vers le grand public sans oublier les plus jeunes. Ateliers de préparation et lancements de fusées à eau, démonstration "Géorama", ateliers ludiques de spectroscopie pour les jeunes, conférence de G. Coute sur la formation des paysages lunaires atelier de simulation de cratères lunaires observation du soleil en H-alpha, présentation des programmes du projet AARO de l'OACC et des outils pédagogiques de sa section vulgarisation en radioastronomie sans oublier bien évidement la séance d'observation du ciel aux instruments en soirée.
Quel est le prochain rdv que vous nous conseillez si on a loupé celui- là ?
L'OACC participera aux programmes de "La Nuit des Etoiles" le 1er Août à Condat (15) et le 2 à Anzat-le-Luguet (63), et animera le "Train des étoiles" le 6 (Départ de Riom-ès-Montagnes avec le train touristique le "Gentiane Express" pour une observation du ciel vers Lugarde sur le plateau du Cézallier)
Vous considérez vous comme un médiateur scientifique ?
Auprès des plus jeunes, la pratique de l'Astronomie est source de curiosité et d'attrait pour le monde des sciences qui souvent se poursuivent à l'âge adulte, et parfois font naître des vocations. La fréquentation des animations thématiques (soirées d'observations estivales, festivals, stations ou planétarium) en sont une preuve plutôt convaincante. Nous avons fait le choix, parallèlement à des programmes internes personnels, de développer cet aspect de "vulgarisateur" à l'O.A.C.C. et élaborerons les outils pédagogiques nécessaires pour le faire. L’Astronomie (et l'astrophysique) sont des domaines ou la collaboration professionnels / amateurs (avertis) reste importante au travers le monde. Plusieurs salons bien connus lui sont dédiés.
Collaborer à faire découvrir cet état d'esprit et permettre une réflexion orientée vers la "démarche scientifique" me paraît une chose essentielle. Nous souhaitons montrer que les outils de base pour les pratiques dans ces domaines sont souvent très accessibles. C'est pourquoi nous souhaitons nous inscrire dans un but, en particulier au sein de territoires "ruraux", de promotion de la culture scientifique comme alternative aux autres centres d'intérêts traditionnels.