La p'tite pastille - Au coeur d'une cheminée volcanique

Publié par astu 'sciences, le 29 janvier 2021   2.8k

La p'tite pastille, le podcast d'astu'sciences qui vous emmène sur nos évènements. Aujourd'hui, retrouvez le sixième article de notre série La p'tite pastille en collaboration avec l'Onde Porteuse : au cœur d'une cheminée volcanique !  

Dans cette pastille sonore, nous vous emmenons sur l'atelier du Volcan de Lemptégy réalisé lors de la Fête de la science... 

Pour ce nouvel article, découvrez Benjamin Van Wyk de Vries, chercheur au laboratoire Magmas et Volcans, qui va nous expliquer le principe des cheminées volcaniques,  à travers une animation dynamique nous relatant la naisse du volcan du Puy-de-Dôme.


Présentez-nous votre travail ainsi que votre laboratoire ? Quelles sont vos recherches actuelles ?

Je travaille au laboratoire Magmas et Volcans, connu à Clermont-Ferrand et dans la région Auvergne pour son travail sur la volcanologie. Je travaille autour de plusieurs thèmes différents, actuellement mes recherches se concentrent autour du géopatrimoine et de la résilience. La résilience géologique, c’est la capacité à retrouver un équilibre après une phase d’instabilité engendrée par une perturbation environnementale. Mon travail est à l’interface entre la géologie et l’histoire de l’humanité. 

Il est important que cela soit compris et accessible, et je suis toujours à l’écoute des professionnels de Lemptégy, des animateurs, car on veut que nos recherches soit dirigées par les besoins des acteurs sur le terrain.

Quelles productions ressortent le plus distinctement de la collaboration entre le laboratoire Magmas et Volcans et les équipes de médiation du Volcan de Lemptégy ?

Cette collaboration apporte deux types de production. D’une part, il y a les articles scientifiques, orientés sur la géologie et les mécanismes éruptifs. D’autre part, la communication : nous travaillons depuis des années avec les animateurs et animatrices du Volcan pour transmettre cette information scientifique au grand public. Et en même temps, ils nous transmettent les préoccupations et les questions du grand public. Tout cela est intégré dans des visites du volcan.

L’année dernière, l’exposition intérieure a été renouvelée l’année dernière, Stéphanie Gallet l'a évoqué dans le podcast. Pour cette nouvelle exposition, il a été choisi d’équilibrer la partie scientifique et l’histoire de l’activité humaine autour du volcan. Au centre de l’exposition, il y a un grand modèle en impression 3D du volcan, reconstitué par nos équipes grâce à des drones.


Quel parallèle pouvez-vous nous faire entre les maquettes réalisées pour le volcan de Lemptégy et les expériences que vous effectuez au laboratoire Magmas et Volcans ?

Malheureusement, pour les visiteurs, ils ne leur est pas possible de toucher le modèle parce qu’il se trouve sur une coupole de verre, qui retranscrit la forme originelle du volcan mais ils peuvent toucher le volcan directement sur le terrain. Ce qui est le plus probant et que l’on peut voir apparaître le plus distinctement sur tous les modèles de l’exposition, ce sont les formes bizarres et les intrusions de magma dans le volcan. Les modèles permettent de visualiser ces intrusions de lave. 

Au tout début, les modèles avaient un but purement scientifique. Quand on a commencé à les réaliser et à étudier les intrusions de lave qui montaient, on a trouvé cela spectaculaire ! C’était à la fois très scientifique et à la fois, un spectacle. Les deux liés ensemble sont un beau moyen de communiquer.

D’un point de vue scientifique, qu’est-ce que la réalisation de ces modèles vous a apporté ? Qu’est-ce que cela vous a permis de comprendre ?

La réalisation de ces modèles nous a appris énormément. Ce sont des modèles analogiques : cela reproduit de manière plus ou moins réaliste un phénomène que l’on souhaite étudier. Donc là, on joue avec le sable, le silicone, du miel, avec quelque chose qui représenterait le magma. C’est comme un jeu scientifique, c’est amusant et cela reproduit des phénomènes que l’on observe dans la nature. Je me souviens m’être rendu il y a des années, au Nicaragua, j’étais sur le terrain avec le volcan en éruption et on a pu observer des bombements, des mouvements de sols que je n’arrivais pas à comprendre à l’époque. Mais c’est durant la modélisation de cette étude que j’ai réussi à comprendre, grâce à l’observation et l’expérience.


Les cheminées volcaniques sont le thème central du podcast qui accompagne cette interview, pourriez-vous nous définir ce que c’est et ce qui fait leur spécificité ?

Tout simplement, une cheminée volcanique est un conduit amenant le magma produit en profondeur vers la surface. De manière imagée, c’est une sorte de fusil qui éjecte tous ses matériaux vers l’extérieur. À la fin de l’éruption, on peut voir qu’il est encore là, dans le volcan, complètement figé. Avec le volcan de Lemptégy, ce qui est intéressant c’est que l’on peut observer les potentielles cheminées potentielles entièrement figées. C’est une opportunité. 

Chaque cheminée a des caractéristiques différentes, comme chaque volcan est un individu. Si l’on regarde la Chaîne des Puys, chaque volcan est différent donc chaque cheminée est unique et a des histoires à raconter.

Le volcan Lemptégy 2 a terminé sa vie, sa particularité est que sa cheminée a été bouchée après plusieurs fortes explosions. Sa cheminée en est le témoignage, car on peut apercevoir la pression qui a monté ainsi que les petits conduits de gaz de fumerol.


Qu’est-ce que cela vous inspire ce rapport aux volcans ? De pouvoir les modéliser ?

On réalise tout ça parce que cela nous amuse, les scientifiques aiment bien s’amuser ! Mais plus que ça, une grande partie de mon travail, des articles scientifiques que l’on publie, on peut s’interroger : « Est-ce que cela sert à quelque chose ? » Cela sert à ma carrière car plus je produis scientifiquement, plus je suis reconnu parmi les scientifiques. Mais est-ce que cela sert à la société, au grand public, aux personnes qui sont à risque des volcans ? C’est là l’importance des structures de médiation scientifique, comme le Lemptégy, c’est l’intermédiaire nous permettant d’aller plus loin, d’apporter quelque chose à la société. Faire de la science uniquement pour nous, c’est inutile. C’est dans l’action de Lemptégy que je me sens plus utile et c’est très satisfaisant.

Propos recueillis par astu'sciences


Benjamin Van Wyk de Vries a également donné vie, du bout de son crayon, à la formation du Puy de Dôme : 



Retrouvez la p’tite pastille, une pastille sonore accompagné d’un article pour en apprendre plus tous les mardis et les vendredis pendant un mois ! Les pastilles sonores ont été réalisées par l’onde porteuse : https://www.londeporteuse.fr/

Mardi, la p’tite pastille revient pour un nouvel article sur le thème du son !